étude sur les conséquences du docteur Salmona
ETUDE PILOTE
SUR LES HAUTS-DE-SEINE
SUR LES CONSEQUENCES PSYCHOTRAUMATIQUES
DES VIOLENCES CONJUGALES ET/OU SEXUELLES
2008
Docteur Muriel SALMONA
Psychiatre-Psychothérapeute
Médecin-coordinateur
et Responsable de l'Antenne 92
de l'Institut de victimologie
Pierre CHALMETON
Sociologue
LES VIOLENCES CONJUGALES ET/OU
SEXUELLES
!
Elles sont fréquentes ( 10 % des femmes ont subi des violences conjugales dans l'année –
enquête Enveff, 2000) et à l'origine de troubles psychotraumatiques graves, fréquents et
durables :
–
Particulièrement quant il s'agit de violences intra-familiales comme les violences conjugales
( 58 % d'état de stress-post-traumatique/24% chez l'ensemble des victimes de traumatismes –
Astin, 1995) et les violences sexuelles ( 80 %/24% - Breslau et al., 1991)
!
Les troubles psychotraumatiques sont méconnus, sous-estimés, rarement dépistés,
difficiles à diagnostiquer, peu traités et au mieux tardivement :
–
Faute de formation initiale des professionnels de santé et de consultations spécialisées
!
Une prise en charge précoce est indispensable pour éviter des conséquences graves sur la
santé, avec une perte selon l'OMS de 1 à 4 années de vie en bonne santé :
–
Avec un risque vital : homicide, suicide, accidents, addictions et négligences graves entraînant
des morts précoces
–
Avec des risques pour la santé mentale et physique (troubles psychiques spécifiques liés aux
violences, des troubles psychiques co-morbides, maladies liés au stress, addictions)
!
Elles représentent un enjeu majeur de santé public et un coût direct médical annuel estimé
par le CRESGE en 2006 pour les violences conjugales de près de 400 millions d'euros.
–
LES TROUBLES PSYCHIQUES SPÉCIFIQUES AUX
VIOLENCES ET LES TROUBLES CO-MORBIDES
!
Les troubles psychiques spécifiques liés au traumatisme :
–
Ils sont liés à des mécanismes de sauvegarde psychologiques et neurobiologiques exceptionnels
déclenchés lors du stress extrème et du risque vital que génère le traumatisme, ces mécanismes sont
responsables d' une déconnexion du circuit de réponse au stress entraînant
une mémoire traumatique, une
dissociation avec anesthésie affective et physique
!
Ils comportent :
–
Un état de stress aigu, état de détresse, avec ou sans une dissociation péritraumatique, troubles
psychotiques brefs
–
Un état de stress post traumatique (>1 mois), chronique (>6 mois), différé;
Avec la triade de symptôme de l'ESPT (État de Stress Post-Traumatique):
1)
syndrome de reviviscence de l'évènement traumatique, pensées, ruminations, souvenirs
intrusifs récurrents, rêves, flashbacks accompagnés d'angoisse et de détresse émotionnelle,
perte d'intérêt
2)
syndrome d'évitement phobique des situations pouvant rappeler l'évènement traumatogène,
émoussement du ressenti et de l'expression des émotions, désinvestissement des relations
interpersonnelles
3)
syndrome d'hyper-réactivité neuro végétative (hypervigilance, état d'alerte, sursauts, perte du
sentiment de sécurité, troubles du sommeil, irritabilité, colères explosives) vécus intensément
avec angoisse
–
Et des symptômes de dissociation importants (état de conscience altérée, troubles de la
mémoire, de la concentration, de l'attention, sentiments d'étangeté, d'être spectateur de sa vie,
dépersonnalisation, compagnon imaginaire)
–
Un état de stress post traumatique complexe associé à d'importants troubles
de la personnalité de type « border line »
très fréquent lors de violences répétées sur une
longue durée
DES TROUBLES COMORBIDES ET DES MALADIES
LIÉES AU STRESS
!
Mais souvent des troubles comorbides en première ligne qui rendent difficile le
diagnostic
–
-Troubles de l'humeur : présents dans 50% des ESPT, dépression, épisdes maniacodépressifs
–
- Troubles anxieux ( anxiété généralisée (15%), crises d'angoisse, attaque de panique
(8 à 12%) phobies, agoraphobie (16 à 22%), phobies sociale, troubles obsessionnels
compulsifs
–
-Troubles de la personnalité : personnalité limite (border-line), asociale
–
-Troubles du comportement auto agressif : tentatives de suicide (x10 en cas d'ESPT
par rapport à la population générale), automutilation
–
-Troubles addictifs : consommation de drogues, d'alcool, jeux
–
-Troubles des conduites : conduites à risques, fugues, conduites d'hypersexualité,
marginalisation, conduites violentes
–
-Troubles du comportement alimentaire : boulimie, anorexie
–
- Troubles du sommeil : narcolepsie (somnanbulisme, hallucinations narcoleptiques,
paralysies du sommeil, cataplexie, hypersomnolence diurne )
!
Des maladies liées aux stress : risques cardio-vasculaires, diabète, atteinte de
l'immunité, troubles dermatologiques, ORL, gastro-intestinaux, génito-urinaires,
endocriniens, musculo-squelettique, céphalée, asthénie....